Humeur du vieux mûrier – juin 23

Humeur du vieux mûrier – juin 23

Bonjour c’est moi le mûrier 
Un peu de temps s’est enfuit
Et j’ai mûri quelques pensées 
Que je vous livre ici

Le climat de la Terre se réchauffe 
Mais le cœur des hommes se refroidit
Le temps de l’espoir s’effiloche 
Nous entrons peu à peu dans la nuit.

L’homme est plus que jamais un loup,
Le pouvoir de la force brutale
S’étend toujours autour de nous
Il nous guette, nous cerne et nous avale.

Les autocrates, les religieux,
Les guerriers ou les tyrans avérés,
Les dictateurs apprentis ambitieux
Tous nous obligent à nous armer.

Et tout cela me désarme 
Me plonge dans une grande tristesse 
Voir l’homme traîner sans fin son drame
Me rend sombre et me bouleverse.

Je suis l’arbre de la prudence,
De la sagesse, attendant,
Pour bourgeonner sans impatience,
La fin des gelées du printemps

Mais je voudrais qu’on réagisse 
Que le cœur des hommes se soulève 
Pour empêcher le despotisme 
Qui détruit et brise les rêves.

L’espoir d’une paix durable 
Dura quelques décennies 
Un temps où il parut faisable 
D’éviter guerres et conflits

Un temps où l’Europe éclairée
Fut un espace de confiance 
Dans lequel la maturité 
A mené à la tolérance 

Et a permis de limiter
Les conflits à la discussion
En opposant des vérités 
Plutôt que des agressions.

Mais l’insatiété des despotes
La soif démesurée de pouvoir
L’orgueil béa qui les transporte
Remet le couvert de l’histoire.

Le mal ne vient pas que d’en haut
Et il ne vient pas que d’ailleurs 
Le peuple veut construire des enclos
Dans l’Europe où s’immisce la peur.

La nouvelle guerre des mondes se propage
Est-ce l’ombre contre la lumière ?
Est-ce plus complexe que ce partage ?
C’est surtout le début d’une ère 

Où l’Occident rattrapé
Par ses outrancières errances 
Va payer les souffrances infligées
Va devoir affronter la violence.

Le cœur des hommes entre en hiver 
Il s’endort peu à peu, blotti 
Entre la haine et la misère,
Il se referme, il se raidit,

Entretenu par les croyances,
Pressé par les discours haineux,
Anesthésié par la méfiance,
Il se couvre d’un voile ténébreux.

Pourtant malgré le triste constat 
L’espoir souffle encore sur nos valeurs
La lumière doit descendre jusqu’en bas
Et résister aux agresseurs.

Le cœur des hommes mérite l’action 
Pour défendre la liberté 
Pour cultiver nos émotions 
Pour vivre et mourir dans la paix.

Moi le mûrier j’espère toujours 
Que l’homme trouve un jour l’harmonie 
Le vrai bonheur, pas les discours
De vaines conquêtes et de profits.

Je vais passer l’été ici
Avec le pin et l’olivier
Discuter avec les amis
Sous le ciel de Mas Redortier

Et croiser plein de gens heureux
Peut-être insouciants mais contents
De jouir de la beauté des lieux
Car la vie jamais n’attend.

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